Le Mésolithique, qui débute vers 9000 av. J.-C., inaugure la période des derniers grands chasseurs de la préhistoire. Le milieu végétal se ferme par l’emprise généralisée de la forêt dont la limite supérieure atteint, à l’optimum climatique,[18] 2000 m d’altitude, ce qui gêne considérablement le déplacement des hommes. Le gibier est moins grégaire (cerf, sanglier, chevreuil, bouquetin) et plus difficile à chasser. Il nécessite des déplacements incessants, sur de courtes distances et toute l’année mais principalement pendant la belle saison. L’utilisation de l’arc et de flèches armées de microlithes, souvent d’allure géométrique, se généralise. La miniaturisation de l’outillage lithique permet l’utilisation d’un silex de moins bonne qualité et en quantité plus réduite, que le chasseur peut récolter au gré de ses déplacements. Les cultures sont dans l’ensemble fortement marquées par des influences méridionales qui remontent le couloir rhodanien mais empruntent également l’axe Durance-Buech-sillon alpin. Ces cultures participent à la grande nappe de diffusion du Sauveterrien et du Castelnovien qui couvre le sud de la France et le nord de l’Italie. Certaines parures attestent même des échanges transalpins.[19] Au Mésolithique final et au Néolithique ancien, qui voient apparaître les premières céramiques vers 5000 av. J.-C., on note des influences venant du Jura, du Plateau suisse et probablement du Valais (Balme-de-Thuy).
La carte de répartition des sites (fig. 3) montre un relatif abandon des sites de plaine en bord de rivière et une multiplication des sites d’altitude, en plein air, exceptionnellement en abris sous bloc, entre 1400 et 1800 m.[20] Ce mouvement général concerne aussi bien les Alpes centrales que les Alpes orientales.[21] Les campagnes de prospections préalables aux grands travaux qui se sont déroulées ces dernières années dans la vallée du Rhône n’ont curieusement révélé que peu de sites mésolithiques le long de cet important couloir de circulation. Par contre, les circulations «intra-massif» se sont développées; elles correspondent à la recherche de nouveaux territoires de chasse situés à la limite supérieures de la forêt. Par ailleurs, un nouvel axe de circulation plus interne, empruntant le sillon alpin, est utilisé à partir
Annotations fig. 3:
Seuls les gisements cités dans le texte sont numérotés.
1 = Bouvante (Drôme); 2 = Pas de l’Aiguille, Chichilianne (Isère); 3 = Pas de la Charmate, Châtelus ( Isère ); 4 = La Grande Rivoire, Sassenage ( Isère ); 5 = La Fru, St. Christophe ( Savoie ); 6 = Aulp du Seuil, St. Bernard-du-Touvet (Isère); 7 = Culoz ( Ain); 8 = La Chênelaz, Haute-ville-Lompnès (Ain).