Jump to content

Page:Labi 2009.djvu/170

From Wikisource
This page has not been proofread.

Avec le développement des explorations et la découverte de nouvelles terres au XVIe siècle, bon nombre de princes, savants et amateurs de cette époque se mirent à collectionner les curiosités en provenance des nouveaux mondes. Les cabinets de curiosités étaient alors un résumé du monde où prenaient place des objets de la terre, des mers et des airs, du règne minéral, du règne végétal et du règne animal à côté des productions de l’homme. Les trois cabinets de curiosités dauphinois qui furent légués au Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble à sa création en 1773 et dont le plus ancien était celui de l’Abbaye de Saint-Antoine, marquèrent de leur empreinte les collections du Cabinet d’histoire naturelle. Réunissant des collections hétéroclites, ils répondaient bien à la description d’un cabinet de curiosités qu’ont fournie Pomian et Schnapper: les curieux qui les avaient rassemblées avaient réuni autour d’eux des minéraux, des fossiles, des instruments de chimie et d’astronomie, des costumes étrangers, des animaux, des coquilles, des bronzes, des monnaies, des droguiers et des momies. Constitué entre 1752 et 1761, le cabinet de curiosités des Antonins renfermait des spéci- mens d’histoire naturelle à l’intérieur de ses collections égyptiennes, ainsi qu’ une importante collection de coquilles. L’axe centre-est des maisons des Antonins, préceptories ou commanderies, mentionné par Adalbert Mischlewski[4] semble dessiner la carte des recherches scientifiques des Antonins et à leur suite, celle des naturalistes du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble. Depuis le cabinet de curiosités des Antonins et jusqu’à l’avènement du Muséum d’histoire naturelle de Grenoble dans la deuxième partie du XIXe siècle, le Dauphiné se trouva ainsi à la croisée incessante de deux types d’influences: celle du Sud depuis Marseille et l’Italie via l’Egypte, et celle de l’Est depuis les Etats allemands. C’est du deuxième type d’influence dont nous allons traiter.


L'influence des cabinets germaniques chez le docteur Gagnon, grand-père de Stendhal

Le docteur Gagnon (1728-1813), grand-père de Stendhal et instigateur à Grenoble du projet de création d’un cabinet d’histoire naturelle, fut lui-même beaucoup influencé par les cabinets de curiosités, ceux de Montpellier tout d’abord où il avait fait ses études de médecine, puis celui des Antonins dont il se chargea du transport vers Grenoble en 1777. La pratique des cabinets de curiosités détermina chez Gagnon l’organisation du Cabinet d’histoire

naturelle de Grenoble: elle en infléchit les choix en matière d’acquisitions de

186
Histoire des Alpes - Storia delle Alpi - Geschichte der Alpen 2009/14