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Page:Labi 2009.djvu/99

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Durant la seconde moitié du XIXe siècle, les équilibres économiques, politiques et sociaux de l’Ancien Régime furent bouleversés, les conditions de vie dans les vallées devinrent de plus en plus difficiles et l’émigration se présenta souvent comme la seule solution de survie. D’une émigration saisonnière structurelle liée au métier et essentiellement masculine, on passa alors à une émigration de masse, souvent de longue durée ou définitive vers le Royaume d’Italie, les autres pays européens ou les autres continents.[7] Les autorités de l’époque s’intéressèrent particulièrement à cette dernière et introduisirent la distinction entre l’emigra- zione propria (émigration proprement dite, vers les autres continents et théo- riquement définitive) et l’emigrazione temporanea (émigration temporaire vers l’Europe). Les premières statistiques ne mentionnaient même pas l’émigration temporaire, puisque par définition elle impliquait l’idée de retour. Toutefois, les migrations dans l’espace européen inquiétèrent rapidement le clergé local, les émigrés apparaissant moins religieux lors des retours au village. Dès 1875, des voix prônèrent une émigration définitive dans les terres américaines plutôt que l’émigration saisonnière dans l’espace européen. Néanmoins les destinations européennes attiraient beaucoup plus de migrants que les destinations trans¬ océaniques. Ainsi l’Ufficio per la Mediazione del Lavoro de Rovereto recense 19’292 émigrants pour les pays européens et seulement 3153 pour les autres continents en 1911, une année record pour les départs du Trentin et souvent citée comme référence.[8]

À la fin de la Première guerre mondiale, les débouchés non-européens se fermèrent et la France devint jusqu’aux années 1950 la principale terre d’accueil des Trentins. Au départ, l’émigration pour la France était, comme pour l’émigration continentale d’avant 1914, temporaire, et ne devint permanente que dans un second temps. Des années 1950 aux années 1970, ce furent principalement la Suisse et l’Allemagne qui accueillirent le plus grand nombre d’immigrés du Trentin. Les travailleurs trentins étaient considérés dans ces pays comme des émigrés temporaires, des Gastarbeiter, et certaines entreprises allemandes ou suisses implantées au Trentin envoyaient certains ouvriers se former en Allemagne ou en Suisse. Bon nombre de ces migrants sont revenus au pays, mais la majorité s’est établie dans le pays d’expatriation et s’il y a retour, c’est seulement au moment de la retraite.[9] Dans les années 1950, on observe aussi une reprise de l’émigration vers l’Australie et l’Amérique du Sud. L’administration provinciale du Trentin encouragea même une émigration organisée vers le Chili, qui reste l’un des chapitres les plus noirs de l’émigration trentine. Beaucoup d’émigrants furent contraints de revenir au Trentin dans des

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Histoire des Alpes - Storia delle Alpi - Geschichte der Alpen 2009/14