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Il fut chargé, en 1721, d'une mission diplomatique près le Saint-Siège, à l'effet d'obtenir que la chapelle royale de Lisbonne fût élevée au rang d'Eglise patriarcale. Il ne réussit point dans cette mission et il fut remplacé par son frère, Alexandre de Gusmão, écrivain et secrétaire à la main, au service de Jean V, plus tard ministre d'Etat, un célèbre diplomate.
Quand l'inventeur fut de retour à Lisbonne, de nouvelles intrigues se nouèrent contre lui: le motif prit source dans l'échec de sa mission près le Saint-Siège, mais surtout dans de fausses dénonciations.
Déféré au Tribunal de l'Inquisition, il était sur le point d'être arrêté ; il se décida à quitter le pays, le 26 septembre 1724, accompagné de son frère, Jean Alvares de Santa Maria, religieux du Carmel.
Réfugié à Tolède (Espagne), malade, il mourut dans la misère, le 19 novembre 1724, à l'âge de 38 ans, à l'hôpital de la Miséricorde; il fut inhumé dans l'église Saint-Romain, aux frais de la congrégation des Frères de Saint-Pierre.
A notre demande et par proposition du Dr Jean Moraleda, la Munici-
palité de Tolède apposa le 5 juin 1912 une plaque commémorative dans l'Eglise
de Saint-Romain, où fut inhumé B. de Gusmão.
Cet acte, qui honore l'Espagne moderne et particulièrement la ville de Tolède, fut le premier hommage public rendu à l’inventeur, hors sa Mère Patrie et hors l’Amérique.
L’éloge public de Gusmão a été prononcé pour la première fois, en
France, au Congrès International Aéronautique de 1889, à Paris, par l’ex-sé-
nateur, amiral Baron de Teffé, de l’Académie des Sciences de Paris, ancien
Ministre Plénipotentiaire du Brésil. Cet érudit écrivain dont nous avons eu
l’honneur et le plaisir de faire récemment la connaissance personnelle, ici, à
Lausanne, et auquel nous nous permettons de dédier ce modeste fascicule en
témoignage de haute admiration, revendiqua hautement au profit de Bartho-
lomeu de Gusmão le mérite de l’invention du ballon et celui du premier voyage
aéronautique fait en Europe.
Au grand déjeuner commémoratif du deuxième centenaire de la décou-
verte de l’aérostation par B. de Gusmão (organisé par la revue Latina, dont
nous fumes Directeur), qui eut lieu au restaurant Palmarium, à Paris, le
8 août 1909, sous la présidence de Camille Flammarion, nous vint l’idée, ins-
pirée par un sentiment patriotique et d’admiration pour Gusmão, de l’Acadé-
mie Aéronautique Bartholomeu de Gusmão, que nous fondâmes à Paris le
30 août 1909 la déclarant, selon la loi, à la Préfecture de Police, le 4 mai 1910
(Journal officiel du 16 juin 1910).
Cette Académie s’attache à honorer la glorieuse mémoire de ce Portu-
gais-Brésilien.